Le jeu, l’ADN Rouge et Noir, son passage en Écosse, la Gambardella, développement du collectif et de l'individu… William Stanger, nouvel entraîneur principal des U19, s’est confié.
Joueur au centre de formation du Stade Rennais F.C. de 2000 à 2006, William Stanger évolue ensuite successivement au PSG, aux Glasgow Rangers ou encore à Compiègne. Le milieu de terrain revient ensuite au club pour entraîner sur la pré-formation avant de devenir adjoint de la réserve pendant six ans. Depuis juin, il est à la tête du collectif U19.
William, tu as récemment succédé à Sébastien Tambouret avec les U19, tu t’y attendais ?
Non du tout. Le départ de Pierre-Emmanuel Bourdeau a entraîné ce mouvement. Sébastien Tambouret est passé avec la PRO 2 et on m’a proposé les U19. Comme je viens d’obtenir mon BEFF qui me permet d’être entraîneur principal d’une équipe, c’était parfait. J’ai appris ça en vacances (rires).
J’étais censé continuer avec la réserve dans mon rôle d’adjoint. Cette nomination vient au bon moment après ces années de construction, ce diplôme ensuite, sur le timing c’est parfait. Concernant Pierre-Emmanuel, nous avions une certaine complicité, de la complémentarité et nous partageons la même sensibilité, je suis très content qu’il aille s’épanouir dans le monde professionnel.
Comment abordes-tu la saison ?
Avec beaucoup d’énergie et de passion. Je suis épanoui à l’idée de venir au boulot. J’ai trouvé un groupe à l’écoute, qui bosse et je sens déjà une certaine progression. Même si on vient de commencer, je peux me satisfaire de voir beaucoup de voyants au vert.
Qu’en est-il du projet de jeu ?
Nous avons le projet global de l’Académie à appliquer dans un premier temps. L’idée est d’avoir une équipe conquérante, capable d’aller chercher l’adversaire, de presser fort avec des récupérations rapides. Sur nos phases de possession, on veut un groupe dynamique, qui se projette vers l’avant et obtient des occasions. Sur les volontés fortes on retrouve donc du dynamisme, de l'enthousiasme et l’envie de mettre du rythme.
Ce qu’il faut savoir c’est que nous jouons en U19 avec nos U17 et nos U18. Cela demande donc une phase d’adaptation. Quand on a joué Brest, il n’y avait que des U19 deuxième année de leur côté. C’est à prendre en compte. Nous voulons que les jeunes s’adaptent peu à peu et qu’on puisse avancer collectivement.
Quels sont vos objectifs sur le plan des résultats ?
Forcément de gagner un maximum de matchs. Je pense que l’on peut être capable de développer individuellement les joueurs tout en étant forts collectivement et de gagner par conséquent. L’idéal se trouve dans cet ensemble.
Tu fais partie d’une génération qui a gagné la Gambardella donc tu as aussi un lien particulier avec cette compétition.
Gagner la Gambardella en tant que joueur et en tant qu’entraîneur ce serait magique pour moi. Ce que j’essaie de faire comprendre aux jeunes, c’est que remporter ce trophée c’est une belle chose, ce qui a compté surtout c’est de se créer des souvenirs. Nous l’avons gagnée il y a 21 ans et quand on se revoit avec les gars, c’est toujours la même émotion. C’est ça que je veux créer avec les joueurs et le staff.
Après ta carrière de joueur, tu as rejoint le club sur la pré-formation dans un premier temps.
Je suis arrivé en intégrant la pré-formation, d’abord les U14 puis les U15 avant de devenir directement adjoint de la réserve avec Julien Stéphan. J’ai fait six saisons au total dans ce rôle.
Rouge et Noir, c’est ton ADN.
J’ai été formé de 2000 à 2006 au club, j’y suis revenu ensuite, c’était et c’est mon club. Je suis un Rouge Noir tout simplement.
Mon plus grand défi en tant qu’entraîneur est de trouver l’équilibre entre l’aspect exigence, ambition et le versant apprentissage, passion, progression
Tu as toujours eu un penchant pour l’entraînement ?
J’ai commencé à passer mes premiers diplômes à 18 ans. J’avais déjà cette fibre et l’envie d’aller vers ce milieu. Quand je jouais, j’aimais mettre du sens, comprendre ce que nous mettions en place tactiquement. Ça allait aussi avec mon profil de joueur, au milieu, plutôt à l’aise techniquement.
Pour moi, un match de football c’est devoir répondre à des problèmes de jeu. Développer un joueur, c’est donc l’emmener vers l’acquisition du plus de connaissances possible pour qu’il puisse répondre à tout cela quand il devra y faire face. Support mental, technique, athlétique, ça va avec. Nous devons harmoniser tous ces aspects pour développer le joueur de la manière la plus complète possible.
J’ai adoré la pré-formation à mes débuts, j’en ai un souvenir intact. Les tournois, les aventures humaines… Surtout les meilleurs souvenirs ce sont les relations qui se sont créées, voir les évolutions des joueurs. Cama’, Georginio, Désiré, Lesley, Jeanuël… C’est inspirant de voir ces joueurs passés par le Stade Rennais F.C. qui jouent au très haut niveau et deviennent des hommes. Eduardo est humainement lumineux et c’est un top joueur, je trouve ça génial.
Dans quelle mesure ta carrière en tant que joueur impacte celle du coach que tu es devenu ?
Ce que je trouve riche, c’est que j’ai connu le monde professionnel en France et à l’étranger ainsi que le monde amateur. Le centre de formation c’était aussi très enrichissant. J’essaie de piocher dans chaque milieu que j’ai côtoyé pour faire ma synthèse et créer mes convictions.
Quel souvenir gardes-tu de l’Écosse et de ton passage aux Rangers ?
C’était déjà un grand club, très bien organisé avec des infrastructures avancées. Le football était très différent, notamment sur l’aspect physique. J’ai dû m’adapter et c’est le maître mot de mon séjour là-bas ; à la langue, à la culture, au jeu. Dès lors qu'un nouveau joueur arrive au SRFC, qu’il soit Bulgare ou Marocain, je comprends qu’il ne puisse pas directement s’exprimer comme il le voudrait.
Le club a beaucoup évolué depuis 2006.
Quand je prends du recul, j’ai cette sensation que le club n’a cessé de progresser depuis 2006. Les qualifications européennes, la qualité des joueurs, les infrastructures, l’Académie… Peu importent les quelques difficultés, le SRFC n’a fait que progresser. Cela coïncide évidemment avec l’arrivée de la famille Pinault. Nous avons beaucoup de chance de faire partie de ce projet, je l’ai notamment ressenti en côtoyant de nombreux entraîneurs lors de ma formation.
Le fait d’avoir été membre du centre de formation impacte forcément ton regard de coach ?
C’était une expérience de vie exceptionnelle. Nous nous sommes très vite retrouvés dans ce monde d’adulte avec des charges importantes à gérer : à l’entraînement, la pression, la scolarité… J’en garde un très bon souvenir, notamment humainement.
Quel souvenir gardes-tu de Julien Stéphan que tu as côtoyé avec les Espoirs ?
C’est un travailleur passionné avec une connaissance du jeu certaine. Julien est aussi très discipliné. C’est ce qui me vient d’abord quand je pense à lui.
Peux-tu nous parler des méthodes que vous mettez en place avec le staff ?
Chaque jour est lié à un thème. Le mardi nous avons les animations défensives puis les transitions, l’offensif… Sur ces séances, les joueurs ont des objectifs collectifs et individuels, avec l’objectif de développer leurs points forts et de travailler leurs axes de progression. Sur les séances vidéos, ils peuvent se voir et mieux comprendre certains éléments. Pratiquer, se regarder pratiquer, avoir des retours et gagner du temps pour avancer.
Quels sont les axes de ton projet ?
J'aime que chacun soit épanoui dans ses points forts que ce soit mon staff ou mes joueurs. Je pense être quelqu’un d’exigeant et qui a de l’ambition pour son équipe. Mon plus grand défi en tant qu’entraîneur est de trouver l’équilibre entre l’aspect exigence, ambition et le versant apprentissage, passion, progression.
Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter ?
De vivre une belle aventure humaine avec le staff et les joueurs, que ceux-ci progressent et s’optimisent. D'avoir également une équipe complète. Si tout cela se met en place, les belles choses arriveront naturellement.