L’excitation en imaginant des affiches de rêve à Rennes, l’espoir d’un tirage clément, l’amertume de tribunes probablement vides… Les supporters rennais passent par toutes les émotions avant le tirage au sort de la Ligue des champions jeudi 1er octobre, auquel leur club participe pour la première fois.
Pour le peuple Rouge et Noir, les rencontres européennes sont une histoire d’incandescence. Réussies, comme lors de la saison 2018-2019, où Rennes était allé jusqu’en 8e de finale de Ligue Europa contre Arsenal, ou ratées comme l’an dernier, où l’équipe avait fini dernière de son groupe. Les récentes campagnes ont donné lieu à des soirées de communion intense dans un stade en ébullition et à des déplacements massifs et très festifs.
Revivre les émotions européennes des dernières saisons
Julien Peschard, 35 ans, enseignant à Paris et supporter depuis son enfance, se souvient ainsi du match contre les Roumains de Cluj, l’an dernier, perdu 1-0 mais salué comme un "acte fondateur", les Rennais n’ayant jamais cessé de pousser alors qu’ils étaient réduits à 10 puis à 9. "Cela a été un scénario incroyable, une communion comme jamais entre l’équipe et le public", se souvient-il.
Romain, 28 ans, qui a grandi à 10 minutes du Roazhon Park et travaille au Portugal, se remémore pour sa part le match perdu 3-1 sur le terrain du Celtic de Glasgow en octobre dernier : "Il n’y avait plus d’enjeu sportif, le match a été compliqué sur le terrain mais quelle fête dans les tribunes !".
Les joueurs rêvent de Messi et Ronaldo
Maintenant que leur club a décroché sa première participation à la plus prestigieuse des compétitions européennes, après des décennies de résultats pas toujours reluisants, la fierté est teintée d’une grande frustration.
Mais la métropole rennaise a été placée en "zone d’alerte renforcée" face à la pandémie de Covid-19 et c’est malheureusement dans un stade presque tout aussi vide que la musique pourrait retentir pour accueillir les plus grands d’Europe lors des premières journées, programmées les 20 au 21 octobre et 27 au 28 octobre.
Qu’à cela ne tienne, les supporters ont déjà réservé leurs soirées depuis des mois. "On a mangé notre pain noir pendant des années, donc on profite", explique Romain.
Le discours est assez similaire au sein de l’équipe, où le staff et les joueurs assurent se réjouir à l’avance quel que soit le tirage. Certains rêvent de se confronter à Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi, d’autres de fouler des pelouses mythiques. Mais même sur ce plan, rien n’est acquis. Les impératifs sanitaires pourraient en effet obliger à jouer sur terrain neutre en Pologne, en Hongrie, en Grèce ou à Chypre.
"Ne pas se prendre six fessées"
Pour le tirage, tous les supporters attendent au moins une très grosse affiche, mais pour la suite, les avis divergent.
Les "tout feu tout flamme", appelle de leurs vœux l’un de ces "groupes de la mort" où Rennes n’aurait rien à perdre. Pour emmagasiner de l’expérience et accessoirement garder des forces pour le championnat, afin d’accrocher une nouvelle place européenne après le Covid.
"Nous sommes les petits poucets de la compétition, on veut du gros, du lourd, de gros palmarès avec des stars sur le terrain, des clubs qui nous mettent une valise sur le papier", explique Gurval Guiguen, expert-comptable trentenaire, avant de citer le mot d’ordre d’un personnage du film Les Bronzés : "Oublie que tu n’as aucune chance […] sur un malentendu ça peut marcher".
Et puis il y a les modérés qui rêvent aussi d’une ou deux équipes plus abordables pour entretenir l’espoir d’accrocher au moins la 3e place pour poursuivre en Ligue Europa.
"On ne sait pas quand la Ligue des champions va revenir à Rennes donc autant faire en sorte de profiter le plus longtemps de cette aventure et de ne pas se prendre six fessées pour revenir au train-train du championnat national, piteux et humiliés", explique un supporter.