Commentateur du championnat espagnol sur beIN Sports, Omar Da Fonseca croit aux chances rennaises mercredi soir en Ligue des champions (21 h) si les Bretons ne se laissent pas endormir par le FC Séville.
Qu’est-ce qui se passe à Séville, qui se met à perdre (*) ?
C’est une équipe qui n’a pas de changement de rythme. C’est le style habituel du football espagnol : garder la balle. C’est devenu une idée, une vision extrémiste même ! Séville fait ça très bien, c’est une équipe habile balle au pied, qui a un bon degré de technicité mais elle n’a pas de joueurs qui changent de rythme. De Jong devant, c’est un pivot, pas un buteur qui marque énormément. Ils jouent dans un registre monotone mais ils ne piquent pas. Quand ils ne marquent pas tout de suite, ils ont très peu de variantes. Navas (le latéral droit) est le seul joueur un peu dynamique, imprévisible. Donc c’est une équipe facilement "défendable".
C’est étonnant car Séville a gagné la Ligue Europa, a bousculé le Bayern en Supercoupe d’Europe et séduisait la saison dernière et cet été…
Parce que dans le foot, on n’a pas encore compris que c’est lorsque les choses se passent bien qu’il faut changer ! Au milieu, ils ont fait partir Banega, qui était vieillissant mais ils font venir Rakitic (32 ans) qui a quelques kilomètres au compteur… Ils auraient dû faire venir un avant-centre plus mobile, plus technique, d’explosion. Ils font rentrer tout le temps le grand maigre (Youssef En Nesyri), il fait de bonnes courses mais il n’est pas très résistant, il a des carences pour être un avant-centre qui fait mal. Séville est moins bon que la saison dernière.
Mais lors de la première journée, ils ont fait jeu égal avec Chelsea à Londres. Séville a deux visages ?
J’ai vu le match, par moments, ils ont dominé Chelsea. Quand il faut défendre en ayant la balle, ça, ils aiment, ils savent très bien faire. Mais ils ne voulaient pas attaquer ! Plusieurs fois, ils ont eu la possibilité de "risquer" l’attaque, puis ils revenaient en arrière. Ils combinent tout le temps, n’aiment pas les longs ballons, les gros centres dans la boîte.
Séville reste, selon vous, favori du groupe avec Chelsea ?
Chelsea se doit de finir devant. Et Rennes, moi, j’aime beaucoup. Si Rennes peut amener le match (à Séville) dans un contexte plus physique, avec plus d’impact. Cela contrarie beaucoup les équipes qui aiment construire. Aujourd’hui, le Barça, ils pèsent tous 40 kilos tout mouillés ! Les Rodri, Dembélé, Ansu Fati, Coutinho, les Messi, de Jong. Il y a zéro puissance. Après, si Rennes encaisse le but rapidement… Là… Séville saura cacher la balle.
Quelle est la force de Séville à surveiller pour le Stade Rennais ?
C’est le côté droit, avec Navas et Ocampos. Navas, j’aime beaucoup, un très bon centreur, il peut jouer court, long, se projette tout le temps. Il faut l’étudier. Il n’a pas un dribble bien précis mais il tente tout. Donc il faut lui laisser l’initiative, ne pas lui rentrer dedans car il obtient des fautes. Il aime la friction. A priori, il y aurait le retour de Koundé (le défenseur central international espoirs français), la presse espagnole disait qu’il s’est entraîné hier. S’il joue, il a un jeu de tête magnifique, dans les deux surfaces. Il a un bon timing, une très bonne détente.
Et la faiblesse sévillane sur laquelle Rennes doit insister ?
Rakitic défend peu, l’autre milieu (Jordan), très "technicos" aussi, non plus. Ce sont des bons joueurs de foot mais ils n’aiment pas gratter les ballons, ils n’aiment pas se salir le short. Si tu les obliges à défendre, à courir, ils sont moins bien dans leur peau. Rennes peut mettre du rythme, de la puissance, alors que Rakitic ne peut plus. Les milieux de Séville préfèrent assister leurs attaquants que leurs défenseurs…
Que valent les joueurs passés par la Ligue 1. Koundé (ex-Bordeaux), vous en avez parlé, mais aussi Ocampos (ex-Monaco et Marseille) et Diego Carlos (ex-Nantes) ?
Diego Carlos, c’est le défenseur très costaud, il est dur sur l’homme. En Espagne, le duo Koundé - Diego Carlos est considéré. Mais tous les week-ends, ils font face à des attaquants qui dribblent. Là, Guirassy pourra les bouger, il fait des appels, garde la balle. Ocampos est le joueur typique qui séduit les spectateurs, les journalistes parce qu’il est dans l’abnégation, il court tout le temps. Chez nous, on dit que c’est un "joueur qui avale vite l’abnégation". Mais il est à la limite de tout… Il n’a pas un vrai toucher, ce n’est pas un joueur très raffiné, son corps n’est pas très élégant.
Et Koundé est une révélation en Espagne…
Ah oui… Nous (à beIN Sports), on a fait déjà des sujets sur lui. Quand tu arrives à convaincre les journalistes, les adversaires, les entraîneurs adverses, tout le monde, ça veut dire quelque chose. En Espagne, ils n’ont pas ce formatage sur le défenseur central qui doit faire un mètre 90. Il est très fort, très facile pour la relance, il est malin, il fait très peu de fautes… Et il a un jeu de tête ma-gni-fi- que !
(*) Deux défaites 1-0 à suivre en Liga, à Grenade et contre Eibar, samedi.