Encore battu par Brest (1-2) samedi 18 janvier, le Stade Rennais est une équipe malade qui ne donne plus envie à ses supporters de le porter. Le Roazhon Park a fait passer sa colère lors du derby… enfin, surtout le kop, qui a refusé le dialogue avec les joueurs au terme d’un match où la tension était vive en bord terrain.
Ce fut une scène jamais vue dans l’histoire récente du Stade Rennais. Après le coup de sifflet final samedi 18 janvier, une poignée de supporters encagoulés sont descendus de la tribune Mordelles, furieux. Certains ont tenté de rentrer sur le terrain (une interpellation au bilan), mais ils ont vite été contenus par les stadiers et un renfort de CRS.
L’affaire n’a pas dégénéré, mais la tension était vive. Et les joueurs rennais qui s’étaient approchés du kop ont vite compris qu’il n’y aurait pas de dialogue possible.
La fracture s’ouvre, et si l’ambiance n’était pas délétère pendant le match, elle a quand même été sacrément triste. Les tribunes latérales sont restées prostrées la plupart du temps, laissant le kop se charger de manifester le mécontentement général, sans excès non plus.
Il y a eu la grève des encouragements pendant vingt minutes, des sifflets réguliers, un peu de chambrage, une dizaine de banderoles brandies successivement, où tout le monde (joueurs et dirigeants) en a pris pour son grade, sans que le message ne soit vulgaire pour autant.
Colère, tristesse, lassitude, incompréhension
On a navigué entre colère et lassitude, voire tristesse, à voir où en est arrivé ce Stade Rennais auquel les fans ne s’identifient pas, après une jolie période qui s’était étendue de 2019 à 2023, grosso modo.
Par essence, le sport de haut niveau, et le foot en particulier, est une affaire de cycles, au-delà de la question des moyens. Après des hauts, il y a souvent des bas, avec quelques règles universelles dont la principale est celle-ci : une succession d’erreurs stratégiques finit toujours par se payer comptant.
Là, le retour de bâtons est sévère, l’incompréhension nourrie. Et c’est normal qu’elle s’exprime, même si on a rarement vu une équipe de foot malade mieux jouer au ballon sans le soutien de ses supporters. « Je les comprends, a réagi le coach Jorge Sampaoli. Ils ont le droit de protester, d’autant plus dans la position dans laquelle nous nous trouvons au classement. Ce que je peux dire, c’est que je m’efforce tous les jours d’essayer de changer la situation. »
C’est la loi du genre aussi, à une époque où le sujet des ultras nourrit de sempiternels débats (on ne parle pas spécifiquement de Rennes), et où se multiplient les images en mondiovision de joueurs sommés de venir s’expliquer ou s’excuser comme des enfants devant leurs plus fervents supporters, quand les mauvais résultats s’enchaînent.
Samedi, les Rennais n’en ont donc pas eu le loisir, et cela va être le moment de montrer qu’ils ont plus de caractère que ce que certains pensent. Il va falloir qu’ils se sortent seuls, ensemble obligatoirement, du guêpier dans lequel ils se sont eux-mêmes fourrés.