Les clubs veulent aider le nouveau diffuseur de la Ligue 1 à se développer. Par intérêt financier et pour ne pas replonger très vite dans la crise.
Même s'il a connu mardi une journée de répit avec une réélection, finalement aisée, pour quatre ans, Vincent Labrune, le président de la LFP, n'en a pas fini avec les soucis. L'un d'entre eux s'appelle DAZN, le diffuseur principal de la Ligue 1.
La plateforme britannique paye 335 millions d'euros cette saison pour huit matches sur neuf (le dernier étant programmé par beIN Sports), et elle n'a eu que quelques jours pour se lancer, dans un climat plus que morose, avec beaucoup de polémiques et peu de stars à mettre en avant.
Pour l'aider à se lancer, la LFP a organisé mercredi matin une réunion où tous les clubs étaient représentés, avec les présidents, mais aussi leurs directeurs marketing et les dirigeants de DAZN (qui n'ont pas souhaité s'exprimer).
Labrune et Arnaud Rouger, son directeur général, étaient là, comme Jean-Pierre Caillot, le président de Reims et du collège de L1 au conseil d'administration de la LFP. Il fixe la marche à suivre pour avancer avec ce nouvel entrant sur le marché français. "Jusqu'ici, quand il y avait des appels d'offres, on prenait l'argent et chacun faisait sa vie, résume-t-il. Aujourd'hui, tout le monde a pris conscience que l'univers télévisuel avait évolué. Il faut faire un nouveau produit si on veut s'adresser à nos fans et être attractif. L'idée était que DAZN montre les particularités qu'ils peuvent mettre en place, faire un peu le bilan du démarrage, car il y a eu beaucoup de "bashing". En fait, on est condamnés à ce qu'ils réussissent."
"Il faut que l'on retrouve un public, que l'on évolue. La télé à la papa, c'est terminé"
Jean-Pierre Caillot, président de Reims et du collège de Ligue 1 au CA de la LFP
Pour y parvenir, la LFP et les clubs comptent s'attaquer au piratage. Labrune a annoncé des actions "sans peur sur tous les terrains, médiatique, politique et juridique". Caillot abonde : "À terme, ce fléau peut remettre en question notre économie. C'est insupportable. Aujourd'hui, des gens laissent entendre que le piratage est quelque chose de normal. On peut aussi aller au supermarché et sortir sans payer... Les responsables de DAZN ont expliqué que leur premier match était diffusé gratuitement, mais il a quand même été piraté. C'est tellement rentré dans les moeurs. Il faut avoir des actions fortes."
Et peut-être des tarifs d'abonnement revus à la baisse sur la durée. "Lutter contre le piratage passe peut-être aussi par des grilles tarifaires plus attractives, même si les études montrent que le football français n'est pas plus cher que les autres, explique le dirigeant rémois. Mais à force de répéter que c'est trop cher et que ce n'est pas assez bon, cela déprécie le produit. Il faut positiver et remettre tout ça dans le sens de la marche."
Le football français en a bien besoin, car il lui est promis un bonus de 50 millions d'euros si DAZN atteint 1,5 million d'abonnés cette saison. "C'est la carotte, reconnaît Caillot. Mais c'est surtout qu'il faut que l'on retrouve un public, que l'on évolue. La télé à la papa, c'est terminé."
Et à l'inverse, une clause de sortie existe des deux côtés (DAZN et LFP) si ce seuil de souscripteurs n'est pas atteint dans les deux ans. "Si tout le monde met de la bonne volonté pour faire un bon produit, on peut être optimistes, veut croire Caillot. On n'est pas toujours obligés de regarder le côté noir des choses."