Dans l'attente d'une augmentation des droits internationaux et de quelques économies, les recettes TV des clubs chutent, pour le moment, de 60 % par rapport à la saison dernière.
Les chiffres sont vertigineux. Et pour une fois, ils ne vont pas dans le sens de la surenchère. Le football français, avec le contrat de droits télé (*) arraché de haute lutte cet été, entre dans une phase de vaches maigres. « On n'est plus dans le top 5 européen, mais dans la division des Championnats portugais ou néerlandais, constate amer un président de L1. Ceux qui n'ont pas de fonds propres ou un actionnaire solide vont être en grande difficulté financière. »
(*) Pour le cycle 2024-2029, DAZN va donner 400 M€ en moyenne par an pour 8 matches de L1, beIN 100 M€ pour le dernier match dont 20 en sponsoring (soit 738 000 € par club de L1 et 173 000 en L2). À cela il faut ajouter 40 M€ pour la L2 et à date 60 M€ pour les droits internationaux.
En moyenne, les clubs vont voir leurs recettes télé dévisser de 60 % environ par rapport à la saison passée, selon le guide de répartition provisoire qui leur a été envoyé il y a quelques jours. Une version définitive devrait suivre dans les prochains jours ou semaines avec des économies réalisées et des droits télé internationaux en hausse. Ces derniers sont de 57,8 M€ pour l'instant et après un futur accord avec beIN, ils pourraient atteindre environ 130 M€ (Canal+ Afrique a prolongé son contrat de diffusion de la L1, hier, jusqu'en 2029).
À date, cette saison, DAZN va verser 325 M€ pour 8 matches de L1 et beIN 78,5 M€ pour le dernier, plus 40 M€ pour la L2 et 57,8 M€ pour les droits internationaux. Soit un montant total de 501,3 M€ (contre 734 M€ en 2023-2024) brut, c'est-à-dire avant les charges. Très loin du 1,063 milliard d'euros (863,7 M€ droits nationaux + 200 à l'international) annoncé dans le business plan de la société commerciale de la Ligue à son lancement ou des 900 M€ (700 M€ + 200) escomptés par la suite par Vincent Labrune, le président de l'instance.
Le champion peut espérer 20 M€ au mieux
En 2024-2025, les charges (taxe Buffet, contribution CVC, aides à la FFF et aux différents syndicats et coûts de fonctionnement de la LFP) s'élèvent à 272,5 M€ contre 156 M€ en 2023-2024, soit près de deux fois plus. Il ne reste donc que 228,7 M€ à répartir entre clubs de L1 et de L2, alors que la saison passée ce chiffre était de 578,5 M€. Cette année, l'élite va toucher 189,7 M€ et la L2 39 M€ versus 495 M€ et 83,4 M€ un an auparavant. Une baisse globale de 60 % environ.
Aux 189,7 M€ de la L1, il faut encore déduire 11,5 M€ d'aides à la relégation entre la L1 et la L2 pour arriver à un montant de 178,2 M€ net à partager. Sur ce total, la somme de 23,4 M€ de droits internationaux est réservée uniquement aux 10 clubs français qui bénéficient de points au coefficient UEFA sur les trois dernières années. Les 18 pensionnaires de L1 vont donc se répartir 154,8 M€. Avec ce maigre butin, le 18e du Championnat va toucher 5,1 M€ au lieu de 14,3 M€ la saison dernière. Le leader, en tête à tous les critères de répartition (classement sportif de la saison, sur les 5 derniers exercices, notoriété) empochera... 16,1 M€ de droits nationaux, soit ce que touchait le 13e la saison dernière.
À titre de comparaison, le PSG, champion en titre et premier à tous les critères, a perçu 42,9 M€ en 2023-2024. Avec les droits internationaux (17,1 M€), son total a grimpé à 60 M€. Pour cet exercice, avec les chiffres du moment, il peut espérer... 22 M€ environ.
Même punition en Ligue 2
La pilule est tout aussi difficile à avaler en L2. Aux 39 M€, il faut enlever 4,7 M€ d'aides à la relégation L2-National, soit 34,2 M€ à partager. Un club qui finirait premier à tous les critères, sans compter la notoriété dont le montant sera connu en fin de saison en fonction du nombre de diffusions TV, empochera 2,3 M€ et le 18e 1,5 M€. C'est, là aussi, plus de 50 % de baisse par rapport à la saison passée.
Les clubs se verront également attribuer de l'argent au titre du « sponsoring et licences », sans compter les 20 M€ de beIN actés au titre du sponsoring dans l'accord des droits télé à hauteur de 25,4 M€ : 22,5 M€ pour la L1 et 2,8 M€ pour la L2 à répartir entre les 18 clubs de chaque division et payés en 3 fois au cours de la saison. Cela représente 1,2 M€ par club de L1 et 158 740 € par pensionnaire de L2.
La saison 2024-2025 s'annonce déjà historique avec des revenus audiovisuels en baisse de 32 % et des charges en hausse de 75 %.