Victime d’une rupture des ligaments croisés du genou début janvier, Martin Terrier a accepté de se livrer dans une série de chroniques pour Ouest-France sur sa blessure, son opération, sa rééducation. Dans ce troisième épisode, il nous fait part de ses progrès, de son retour progressif au foot et de ses espoirs.
Dans une série de chroniques pour Ouest-France, l’attaquant Martin Terrier revient sur sa terrible blessure au genou droit, survenue le 2 janvier 2023 face à Nice. Après nous avoir raconté les heures et les jours qui ont suivi la blessure jusqu’à l’opération, puis le début de sa rééducation, le meilleur joueur du Stade Rennais se livre sur ses progrès, son retour progressif au foot, ses espoirs de rejouer, même si aucune date n’a été fixée.
Où en êtes-vous de votre rééducation, alors que le groupe reprend la préparation ?
Ça a bien avancé depuis la dernière fois. Le genou a bien dégonflé, j’ai repris pas mal de mobilité. J’ai repris la course aussi, les appuis, avant de partir à Capbreton (Landes) mi-juin. J’ai retouché un peu le ballon, très léger. J’ai de bonnes sensations.
Lors de notre dernière entrevue en mai, vous sembliez proche de reprendre la course. Y a-t-il un peu de retard ?
Non, non, on a pris le maximum de précautions. On a commencé par l’alterG, c’est une machine où l’on enlève le poids du corps, pour gérer l’impact du poids au sol. On a insisté sur d’autres exercices, on n’a pas pris plus de temps que prévu. J’avais besoin de travailler d’autres choses avant de passer à cette étape-là. Mais ça s’est fait très bien. Aujourd’hui, je suis capable de faire un footing. Je peux même augmenter le curseur de vitesse, je suis allé à 22 km/h sur de la course en ligne. C’est bien. Même si c’est loin d’être un sprint. En temps normal, je suis autour de 34-35 km/h.
Pas de date de reprise : "Peut-être fin août, fin septembre"
Les voyants sont au vert, avez-vous une date de reprise ?
Je pense que le mois de juillet va être important pour vraiment connaître mes résultats, mes sensations pour pouvoir potentiellement fixer un objectif de date. Mais là, on ne se pose pas la question pour le moment. On voit que ça progresse et on veut que ça continue. Cette semaine va être cruciale, comme on a accentué le travail. À l’issue, je pourrais peut-être dire si c’est fin août, début septembre, fin septembre. Je ne sais pas. Ça dépendra beaucoup de mes sensations, je serai peut-être apte à m’entraîner et être avec le groupe, mais peut-être pas apte pour la compétition. Ça va se déterminer quand je vais rejoindre le groupe.
Six mois après la blessure, mesurez-vous le chemin parcouru ?
Je ne l’avais pas fait, mais je suis parti en Corse une semaine, et dans l’avion, je me suis amusé à regarder les souvenirs photo. De voir l’état de mon genou il y a quelques mois, de voir la progression, ça m’a permis de vraiment m’en rendre compte. Je trouve que c’est une sacrée blessure, j’ai surmonté pas mal d’épreuves.
Vous regardez les photos sans problème ?
Oui, c’est aussi pour me rendre compte par quoi je suis passé. Ça peut me servir d’objectif et de motivation pour cette fin de rééducation.
Est-ce que vous commencez à trouver le temps long ou bien le travail et les soins empêchent d’y penser ?
C’est vrai que six mois c’est long, ça commence à faire. En plus, il y a une nouvelle saison qui approche, donc il y a l’excitation de faire le maximum pour reprendre. Après, je ne me mets pas de pression sur la reprise : le plus important c’est de revenir en forme et de ne pas brûler les étapes. J’arrive à garder le cap là-dessus.
"J’ai regardé l’endroit où je me suis blessé"
Début mai, vous souhaitiez faire un déplacement avec l’équipe. Vous avez tenu promesse ?
Je ne suis pas allé à Ajaccio car c’était l’anniversaire de ma maman. Il y a des priorités. Je suis allé voir la famille. Mais j’ai fait le déplacement à Brest (victoire 2-1), il y a tout le staff qui nous a accueillis, il y avait le staff médical et d’autres blessés avec moi.
Comment avez-vous vécu ce sprint final assez fou ?
Comme tout le monde, j’avais envie que l’équipe se qualifie pour une Coupe d’Europe, et finir par un match comme ça, à l’extérieur, c’était chouette à vivre. À vivre avec le groupe aussi. Je trouve que c’était mérité sur l’ensemble de la saison.
Lors du dernier match au Roazhon Park, contre Monaco, vous êtes aussi retourné sur la pelouse que vous n’aviez pas encore refoulée…
Je ne suis pas resté longtemps, je me suis même mis un peu à l’écart, j’avais toujours la sensation que ce n’était pas ma place. Mais je me devais de le faire, parce que c’était un match important, c’était le dernier à domicile.
Quelle a été votre sensation ?
J’ai regardé l’endroit où je me suis blessé, c’était particulier. Ce sera encore autre chose quand je vais y être avec les crampons, en étant apte. J’ai juste jeté un coup d’œil. Il y avait toute la distraction autour avec la victoire, tous les gars étaient contents. Je n’ai pas accentué le truc sur cet endroit-là.
Pas de superstition ?
Non.
"Je redeviens un footballeur"
Qu’avez-vous fait pendant cette période de mai à mi-juin ?
Avant de partir à Capbreton, où je suis allé pour changer d’air et de méthode, j’ai continué le même programme. Beaucoup de renforcement, parce qu’il y a eu une perte musculaire importante et malheureusement ça met énormément de temps à revenir, plus que quand on s’arrête. J’ai continué le même type de séances.
Les progrès sont-ils constants ou est-ce qu’il y a des paliers ?
Il y a des paliers. Parfois ça stagne un peu, mais j’ai aussi des pics d’évolution importants. Après il y a aussi des barrières mentales, ce sont des appréhensions qui se lèvent petit à petit avec le temps. À force de répéter les exercices, il y a des verrous qui partent.
Le contact peut-il être une barrière psychologique ?
Je ne l’appréhende pas. La blessure ne survient pas vraiment sur un contact. Si j’avais eu une blessure à cause d’un gros contact comme a pu avoir Amine Harit (OM)… Non, je n’en ai pas. Peut-être quand je vais reprendre sur le terrain avec les gars. Là, comme ça, non.
Quand a eu lieu cette dernière phase de progression rapide dont vous parlez ?
C’est en ce moment.
Sur quel aspect ?
Remettre les crampons pour pouvoir faire un travail sur le terrain. Ça faisait quatre mois que j’étais resté en salle pour du travail musculaire. De retrouver les sensations d’un joueur, d’être un footballeur, quoi. Mentalement, ça m’a fait du bien. De reprendre des petits appuis, de toucher le ballon, de pouvoir jongler. Ce sont des choses que je n’avais pas faites depuis un moment. Donc forcément, ça fait du bien.
Est-ce qu’il y a encore des douleurs ?
Oui, il y a encore des petites douleurs, ce qui est normal. On m’avait prévenu, même quand j’en rediscute avec le staff. Ça va s’atténuer au fil du temps. Il y a un mois, c’était plus douloureux, dans un mois normalement, j’aurai moins mal.
Il y a toujours des soins et de la kiné ?
Oui, mais c’est beaucoup moins présent qu’en début de rééducation.
"Il s’est blessé après moi, et il reprend avant moi"
Où en êtes-vous de la masse musculaire de votre jambe. Êtes-vous revenu au même niveau d’avant blessure ?
Je ne suis pas encore comme avant. Je n’ai pas repris le volume, mais j’ai repris la force. Il ne me manque pas grand-chose, mais je suis bien. C’est l’un des points qui était important.
Vous avez repris une semaine avant le reste du groupe en individualisé, que faites-vous ?
Comme j’ai eu une semaine de coupure, c’est une semaine où l’on remet en route tranquillement. À partir de lundi (lundi 10 juillet, car l’entretien a été réalisé la semaine dernière), je rentre dans la dernière phase. J’espère.
Comment envisagez-vous les prochaines semaines ?
De la meilleure des manières. Plus on va avancer, plus j’aurai la possibilité de peut-être rejoindre le groupe partiellement, sur du travail technique, des échauffements. Petit à petit, ça va revenir. Le plus vite possible et le mieux possible.
L’arrivée d’un nouveau médecin change-t-elle quelque chose ?
Le plus important a été fait et le staff médical ne bouge pas. Le docteur qui arrive ne va pas bouleverser ce qui a été fait. En outre, il est spécialisé en chirurgie orthopédique, il connaît très bien les genoux.
Avez-vous toujours un suivi avec le chirurgien qui vous a opéré ?
J’ai le rendez-vous des six mois à Lyon ces jours-ci.
Quelle est la nature de l’avancement de votre retour avec le ballon ?
Franchement, je n’ai aucun problème, dès que j’ai retouché le ballon, je n’ai senti aucune différence avec avant. Je fais des remises, du jonglage, contrôle-passe, les classiques.
Pas de frappes ?
Je pourrais, sans vraiment lâcher. Je l’ai déjà fait en off (rires).
Le pied droit n’a rien perdu ?
J’ai progressé du pied gauche, je trouve.
Durant les vacances, ça a été une coupure totale ?
Je n’ai pas réussi. J’ai hâte de reprendre et de progresser, je ne me voyais pas rester à rien faire une semaine complète. J’ai continué à faire du travail, pas très intensif. Avec cette blessure-là, il faut entretenir.
Que retenez-vous de ces six mois ?
C’est surtout mental, ce genre de blessure, plus que physique. Il faut se surpasser mentalement et être patient, très patient. Je pense que j’ai des qualités de patience de base, donc ça m’a aidé. Quand on a une bonne génétique aussi. Ce qui est dur dans la "rééduc", c’est que j’ai eu d’autres blessés avec moi, avec des pathologies différentes, donc je me doutais qu’ils allaient mettre moins de temps que moi. C’est le cas d’Adrien (Truffert). Il a beaucoup plus de facilités à progresser que moi. Il s’est blessé après moi, et il reprend avant moi. Ça, c’est dur. À Capbreton, on travaillait ensemble. Lui, il pouvait faire des choses beaucoup plus poussées que moi. J’étais restreint, c’est rageant.