Pour le fondateur du site Rouge Mémoire, Fabrice Pinel, la signature de Nemanja Matic au Stade Rennais est le témoin d’une progression constante du club, aussi bien sur le terrain qu’en coulisses.
Il est le fondateur du site Rouge Mémoire, qui retrace depuis 2011 l’histoire du Stade Rennais, à grand renfort de statistiques et d’archives. À 41 ans, Fabrice Pinel voit grandir le Stade Rennais chaque jour un peu plus. Selon lui, l’arrivée de Nemanja Matic marque un tournant dans l’histoire du club. Entretien.
Nemanja Matic est-il le plus gros transfert de l’histoire du club ?
Très souvent, lorsque l’on évalue le prestige de l’arrivée d’un joueur, on évalue le palmarès. Si on part de ce point de vue là, Matic est loin. Le Stade Rennais a déjà accueilli des vainqueurs de Coupe d’Europe, en club et en sélection, et des champions du monde. Or, évaluer la valeur d’une recrue par ce prisme est un petit peu réducteur. Si l’on se fie seulement au palmarès, Emiliano Martinez, champion du monde avec l’Argentine, serait meilleur que Petr Cech par exemple. C’est la même chose pour Matic. Il est en tout cas évident que c’est le plus beau CV étranger que le club ait accueilli.
Le premier joueur de l’histoire que Rennes va chercher dans un gros club alors qu’il n’est pas partant
En club, c’est le plus beau palmarès pour un joueur du Stade Rennais. Il a remporté trois Premier League en étant un véritable acteur de ces titres, il a influé sur le résultat. Il faut regarder l’importance du joueur dans les clubs où il est passé et son influence aujourd’hui.
C’est le premier joueur de l’histoire que Rennes va chercher dans un gros club alors qu’il n’est pas partant. José Mourinho ne voulait pas le lâcher. On a réussi à déloger un joueur de ce calibre dans un club qui ne voulait pas s’en séparer, c’est ce qui fait selon moi de ce transfert le plus fort en termes d’ambition.
Qu’en est-il en termes de chiffres ?
Matic n’est certainement pas dans le top 100 des recrues en termes de prix. Ce qui est plutôt marrant, c’est que 2,5 millions, c’est le montant du transfert de Birger Meling à Copenhague.
À ce jour, les deux recrues les plus chères de l’histoire du club restent Jérémy Doku, acheté 26 millions en 2020 et Amine Gouiri, acheté 28 millions en 2022. Pour Doku, 26 millions, c’est le prix de la marge de progression qu’on a payé. Il ne valait probablement pas ce prix-là à ce moment-là mais les dirigeants savaient qu’avec patience, sa valeur allait être multipliée par deux. Pour Gouiri, c’est pareil.
Avant lui, quels autres transferts ont marqué l’histoire du club ?
La plupart des gros coups concernent des joueurs français. On peut évidemment citer Bernard Lama, vainqueur de la Coupe des coupes avec Paris en 1996, champion du monde en 1998 et champion d’Europe en 2000 avec l’équipe de France. Sylvain Wiltord n’est pas loin de Lama. En 2007, il revient à Rennes avec un titre de champion d’Europe. Il a gagné la Premier League avec Arsenal, est multiple champion de France avec Lyon, vainqueur de la coupe des confédérations… Pour lui, c’est un peu un retour aux sources. On avait un avantage sentimental sur les autres.
En 2020, Steven Nzonzi arrive en tant que vainqueur de l’Europa League avec Séville et dans la peau d’un champion du monde. Mandanda est arrivé en tant que champion du monde lui aussi.
Où se situe Rennes aujourd’hui ?
Avoir réussi à convaincre un joueur comme Matic est exceptionnel. D’ailleurs, si on resitue chaque transfert concerné dans son époque, à chaque fois qu’un de ces nouveaux joueurs arrive, c’est à ce moment-là le joueur le plus prestigieux du club. C’était le cas pour Lama, Wiltord, Nzonzi, Ben Arfa et les autres… À chaque fois, on fait un peu mieux. Ce qui veut dire que si l’on continue de suivre cette trajectoire-là, on sera encore plus haut dans les années à venir.
Cela montre que le club franchit des paliers et arrive toujours à placer la barre plus haut pour son transfert le plus prestigieux. Le club progresse aussi bien sur le terrain qu’en coulisses.