Un Rennais placé en détention provisoire, pour avoir nourri un projet d’attentat terroriste au Roazhon Park, avait maintenu des contacts avec les thèses de l’état islamique, depuis la prison. Sur son téléphone, des milliers de fichiers de propagande ont été découverts, quatre ans après son interpellation, en janvier 2018.
Un jeune Breton avait été condamné à dix années de réclusion criminelle, en décembre 2021, pour des faits relevant du terrorisme. Interpellé en janvier 2018, il projetait un attentat au Roazhon Park, l’antre du Stade Rennais.
Il avait été repéré sur internet, où il diffusait de la propagande et des éléments sur la situation en zone syro-irakienne. À 17 ans, ce Rennais, qui vivait chez sa mère, envisageait de partir sur zone. Au terme de quatre jours d’un procès qui s’était tenu à huis clos, la cour d’assises des mineurs de Paris l’avait jugé coupable d’association de malfaiteurs terroriste.
Le même homme, âgé de 21 ans, a comparu devant la 33e chambre du tribunal correctionnel de Paris, vendredi 20 mai 2022. Il a été jugé pour avoir dissimulé un téléphone, à l’intérieur de sa cellule. Téléphone utilisé pour visionner des milliers de fichiers photos et vidéo de propagande de l’État islamique, dont de multiples séquences d’exécution, ainsi que des chants guerriers (anashid).
Appétence intacte pour la sphère djihadiste
L’exploitation de ce téléphone et de sa carte SIM avait révélé une appétence intacte pour la sphère djihadiste, après quatre années de détention provisoire. Il s’en était servi, entre septembre 2020 et avril 2021, pour participer à des fils de discussion avec des personnes "pro état islamique". Il utilisait son ancien compte Facebook, ainsi que via Telegram et Snapchat. Le parquet national antiterroriste avait été saisi, la Sécurité intérieure (DGSI) chargée de l’enquête.
Le contenu de ces échanges avait ensuite été versé aux débats devant la cour d’assises, en décembre dernier. Cinq mois plus tard, le Breton vient d’être poursuivi, vendredi dernier, pour "recel de biens introduits illégalement en détention par une personne détenue pour terrorisme". C’est-à-dire le téléphone, prohibé en prison. Il avait assuré l’avoir trouvé dans son ancienne cellule, qu’il occupait seul.
Devant la 33e chambre correctionnelle, le parquet de Paris a requis 2 ans d’emprisonnement pour le délit de recel. Il a insisté dans le même temps sur la volonté du prévenu de maintenir, depuis la prison, des liens avec des individus radicalisés et sur son absence d’évolution.
"Appartenance" à un groupe
Jean-Guillaume Le Mintier, l’avocat du jeune homme, a objecté la jurisprudence récente du conseil constitutionnel dépénalisant "la consultation et du téléchargement de fichiers à thématique djihadiste", depuis juin 2020. Le juger sur le contenu du téléphone reviendrait aussi, a plaidé l’avocat, à "lui infliger une double peine, puisque cette procédure a été versée en décembre 2021 devant la cour d’assises et a donné lieu à un verdict sévère".
Jean-Guillaume Le Mintier a également regretté que la prison ne serve pas à "déconstruire la croyance" de son client. Car elle "est l’un des principaux incubateurs de la radicalisation". C’est essentiellement sur internet et en prison que se seraient construits "la sociabilité" du Rennais, ainsi que le sentiment d’"appartenance" à un groupe.
Le jeune homme a été condamné à 18 mois d’emprisonnement ferme. Cet ancien lycéen d’un établissement catholique rennais s’était converti à l’islam, après s’y être intéressé vers l’âge de 16 ans. Il aurait été initié par un ami, rencontré dans un club de boxe. Son départ en Syrie était prévu dans les semaines qui avaient suivi son interpellation, en janvier 2018.