À la suite de la défaite du Stade Rennais à Krasnodar mercredi (0-1), le président Nicolas Holveck analyse l’échec en Ligue des champions et appelle à une rapide réaction d’orgueil des joueurs.
Comment qualifiez-vous la campagne européenne du SRFC ?
C’est beaucoup de frustration, surtout. Notamment pour les supporters, qui nous ont beaucoup manqué. On sait qu’on a un douzième homme au Roazhon Park et quel douzième homme. On ne leur donne même pas la satisfaction de voir des matches au printemps et ça, ça me frustre et je suis malheureux pour eux. Après, on savait qu’on avait un groupe difficile. Séville, c’est quatre Ligues Europa dans les six dernières années. Chelsea c’est le plus gros mercato européen de l’été, on voit ce qu’ils sont en train de faire. Donc on savait qu’on avait deux très gros morceaux.
Mais Krasnodar, actuel dixième du championnat russe, était à votre portée.
C’était notre concurrent direct qui a fait deux huitièmes de finale de Ligue Europa dans les trois dernières années. On a vu leurs installations, on voit désormais quel club c’est. On avait donc deux très gros morceaux et un très gros concurrent, mais c’est normal, on était chapeau 4, on l’avait dit dès le départ. Maintenant, je pense que sur chacun des matches, à part à Séville où on n’a pas existé, les joueurs ont fait le maximum. Je me rappelle surtout du premier match contre Krasnodar où on avait fait une très bonne entrée dans la compétition. Sur le match retour, le problème c’est que c’est le même sentiment que lors des six derniers matches, c’est-à-dire qu’on n’a pas l’impression d’être dominé, mais d’un autre côté, on n’arrive pas à marquer et on prend toujours ce but qui fait très mal. C’est malheureusement à l’image de nos derniers matches. On ne peut pas dire qu’on fait des mauvais matches, mais on ne met pas tous les ingrédients pour aller tuer l’adversaire sur nos opportunités et éviter que lui ne nous tue fasse sur ses rares opportunités.
Vous disiez après le match à Chelsea que cette équipe rennaise était jeune mais apprenait vite. N’a-t-elle toutefois pas manqué de temps pour arriver prête dans la configuration particulière de cette Ligue des champions ?
Si, certainement. Puis c’est le plus haut niveau. Cette compétition est intransigeante, donc elle ne laisse aucune chance à la moindre erreur et on a une équipe très jeune. Encore une fois, on n’a pas d’excuses et je ne cherche surtout pas d’excuses, mais il nous manquait à Krasnodar cinq recrues au coup d’envoi, blessées ou absentes. Encore une fois, ça peut être l’une des explications. C’est notre première participation, ça prend beaucoup d’énergie aux joueurs. Je pense qu’ls ont tellement envie de manger dans ces matches que ça prend une énergie folle pour les autres matches de championnat autour. Encore une fois, il y avait la place et si on avait réussi à faire chacun un petit peu de dépassement de fonction, je pense qu’on aurait pu être reversé en Ligue Europa. C’est malheureusement terminé et la seule préoccupation maintenant, c’est le championnat et le match de samedi contre Lens, qui est importantissime.
Une remise en question est-elle faite en interne après cet échec ?
Dans ce contexte, le premier qui se remet en question, c’est moi puisque c’est moi le patron. Je me remets vraiment en cause, je me pose des questions sur ce que je n’ai peut-être pas assez bien fait, sur ce que j’ai fait qui n’a pas été productif, sur ce que j’aurais dû faire. Est-ce que je n’ai pas assez soutenu Julien (Stéphan) ? Est-ce que je n’ai pas été assez dur avec les joueurs dernièrement ? Le premier à se remettre en cause, c’est moi. Par contre, j’attends une réaction forte des joueurs parce que je suis convaincu que la réponse viendra des joueurs. Quand je vois tout ce que le staff fait, tout ce que Julien propose, les entretiens individuels et collectifs, les séances vidéo, les séances d’entraînement, toutes les solutions qui sont cherchées par Julien, Florian (Maurice), le staff… Honnêtement, je pense qu’ils vont chercher au plus loin qu’ils peuvent, donc moi, j’attends vraiment une réaction très forte du groupe, une réaction collective.
>Cette équipe ne manque-t-elle pas de joueurs de caractère capables de sonner la révolte dans les périodes compliquées ?
Ce que l’on a fait sur les six premiers matches de la saison, ce n’est pas possible que l’on ne soit pas capable de le refaire parce que c’était surtout des matches gagnés collectivement. Donc j’attends de retrouver cette force collective. On est une équipe, on n’a pas d’individualité forte qui fait tourner un match, donc ça passera par une prise de conscience collective et par une réaction collective. J’attends de l’orgueil, j’attends un engagement maximum, j’attends beaucoup de solidarité entre joueurs. Dès samedi à 17 heures, on doit commencer le match comme des morts de faim. Aujourd’hui, on n’est plus en Coupe d’Europe. Si le championnat s’arrêtait aujourd’hui, on ne serait pas européens, donc on doit redevenir l’équipe morte de faim qui veut aller tout manger et ça commence samedi.
La remise en question dont vous parlez vous concernant, concerne-t-elle le mercato ? N’a-t-il pas manqué des recrues d’expérience ? N’avez-vous pas, personnellement, des regrets ? Vous aviez évoqué quatre joueurs de standing Ligue des champions...
Déjà, le mercato s’est terminé le 5 octobre, donc le juger au bout de deux mois, je ne peux pas, très sincèrement. En plus, comment juger quand au coup d’envoi à Krasnodar il manque cinq joueurs du mercato : Gomis, Terrier, Guirrassy, Aguerd et Rugani. Donc c’est pour moi impossible de juger le mercato. Maintenant, les joueurs qui sont sur le terrain, c’est ceux qui ont gagné la troisième place l’année dernière, donc ils en sont capables, il n’y a même pas débat. L’année dernière, ils ont été chercher cette troisième place entre eux. Encore une fois, on n’a aucune excuse, on peut chercher des explications, mais pas des excuses. Et il ne faut surtout pas s’en chercher parce que c’est le meilleur moyen de ne pas trouver des solutions à nos manques actuels.
Vous parlez de réponse collective, mais quels sont les leviers pour enrayer cette mauvaise série de résultats ?
La réponse, je suis persuadé qu’elle sera collective. Ça a toujours été la force du Stade Rennais avec nos joueurs expérimentés, nos jeunes pousses, il faut qu’on retrouve cet allant. Encore une fois, les six premiers matches, on louait l’esprit d’équipe, vraiment le caractère agressif de notre jeu. Autant j’ai vraiment répété qu’il ne fallait pas se voir trop beaux après ces six premiers matches quand on était premier. Tout le monde était admiratif de notre jeu, donc on ne peut pas tout avoir perdu comme ça. Autant aujourd’hui il ne faut pas, non plus, qu’on jette tout à la poubelle. On n’a pas pu tout perdre en deux mois. Il faut juste prendre conscience, une bonne fois pour toutes, qu’on a les capacités, qu’on a l’effectif pour, même s’il y a des absents, et que ceux qui sont sur le terrain, qui sont à Rennes aujourd’hui, sont capables d’aller chercher ce pourquoi on se battra jusqu’à la fin de saison, c’est-à-dire cette place en Coupe d’Europe.
Vous considérez donc cet effectif taillé pour aller chercher l’Europe et même un nouveau podium ?
Comme on l’a dit, l’objectif c’est de se battre chaque saison pour une place en Coupe d’Europe. Et maintenant, on n’a plus qu’un seul objectif, c’est faire un très bon championnat pour retourner en Coupe d’Europe et montrer qu’on a appris. C’est la seule chose que je veux que les joueurs se mettent en tête aujourd’hui. On ne pense plus à ce qui s’est passé. La Coupe d’Europe, c’est fini. Maintenant, on a cinq matches de championnat en décembre, on va parler du court terme, un match contre Lens puis quatre qui s’enchaînent en deux semaines. Ces matches-là, on doit aller les chercher comme des morts de faim et les équipes qui vont nous rencontrer devront à nouveau avoir peur du Stade Rennais, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Quel est l’objectif de classement à la trêve ?
Aujourd’hui, l’objectif à la trêve c’est d’être dans les cinq premiers. On doit être dans ce peloton des équipes dans les places qualifiables pour la Coupe d’Europe.
Qu’entendez-vous par "je n’ai peut-être pas été assez exigeant avec les joueurs" ?
Je n’ai peut-être pas assez aidé Julien et Florian, dans cette situation, c’est avant tout eux qui sont au contact quotidien des joueurs, c’est à eux de l’être et ils le sont. Mais est-ce que moi, j’ai assez aidé les deux, c’est la question que je me pose. Encore une fois, je me pose déjà des questions sur moi-même parce que j’ai la responsabilité du club et le premier qui doit se remettre en cause, c’est moi.
Quel regard portez-vous sur Julien Stéphan ?
Je n’ai aucun doute sur Julien, aucun doute. Je suis certain de lui. Pour moi, il incarne parfaitement le projet sur le long terme. Je ne connais pas beaucoup de coaches qui intègrent autant les jeunes et notre projet passe par les jeunes, bien sûr avec des joueurs d’expérience aussi. Je vois quel est le travail quotidien de Julien et de son staff, avec Florian. Sincèrement, je n’ai jamais vu un staff travailler autant dans tous les détails. Les gains marginaux, dont on parle beaucoup, c’est leur préoccupation à chaque instant. Donc tout est mis en œuvre pour les joueurs pour qu’on aille plus haut. Donc maintenant, c’est aux joueurs de se prendre en main parce que quand l’arbitre siffle le coup d’envoi d’un match, ce sont les joueurs qui décident et samedi à 17 heures, ils doivent décider, quoi qu’il se passe dans le match, d’aller gagner et de faire mal à Lens.
Parmi les joueurs, on attend beaucoup plus des cadres, qui n’ont pas porté l’équipe durant la campagne européenne, alors que des jeunes du centre de formation sont venues compenser cela, justement.
Non, je ne suis pas d’accord. Encore une fois, la réponse est toujours collective et on n’a pas d’individualité assez forte pour faire tourner les matches.
Mais vous avez un champion du monde avec Steven Nzonzi…
Oui, mais ce n’est pas un poste déterminant, ce n’est pas un avant-centre. Je ne remets personne en question et je ne pointerai personne du doigt, c’est collectif. D’un match à l’autre, ce n’est jamais le même joueur qui est un petit peu en dessous. Les données physiques sont là, on voit que les joueurs sont là, courent toujours. Alors, est-ce qu’ils courent bien, c’est un autre débat. Mais non, moi, je n’irai pas contre les cadres. Encore une fois, la solution est collective. On a des jeunes joueurs, certes, et une équipe très jeune, mais ce sont des joueurs de talent. Les cadres sont là aussi pour les encadrer. Eux, il y a un jour où ils ont été bien contents d’avoir ces jeunes.
Pour vous, il n’y a donc aucun problème avec le rendement de plusieurs cadres, Da Silva, Bourigeaud, Nzonzi ?
Non, c’est collectif. Les jeunes doivent apporter leur fraîcheur, les cadres leur expérience et c’est ce mix qui super bien marché en début de saison, donc il n’y a pas de raison qu’il ne remarche pas. Il faut juste en prendre conscience et en faire plus. De toute façon, si on n’a pas les résultats, le haut niveau, ça ne se joue à rien, 1 %, 2 %… Et bien il faut qu’on aille chercher ce 1 %, ces 2 % pour être meilleur que l’adversaire, ça passera par là, uniquement par là. Et aujourd’hui, c’est collectif et je pense que c’est surtout mental, mais il faut qu’on prenne conscience qu’aujourd’hui, on est une équipe normale. On n’est pas une équipe de Champions League, on n’est même pas une équipe d’Europa League, on est une équipe normale de Ligue 1. On doit refaire mal aux clubs qui sont au-dessus de nous pour aller les chercher et rejouer la Coupe d’Europe.
Voyez-vous Julien Stéphan et Florian Maurice avec la même motivation ?
Je n’ai aucun doute sur la motivation de Julien et Florian. Dès la fin du match à Krasnodar, la première priorité a été de chercher des solutions. On a échangé beaucoup avec Julien et Florian et ce n’est pas que ce match-là, ça fait quelque temps déjà qu’on cherche des solutions avec tout le staff. On n’est certainement pas spectateurs., on veut être acteurs du mois de décembre qui arrive, encore une fois prenons les choses par étapes. Et clairement, Julien et Florian sont en réflexion permanente entre eux et avec les joueurs. Il y a des échanges permanents. Je reste convaincu qu’on va trouver les leviers pour que dès le match de samedi les joueurs soient à 110 % parce qu’aujourd’hui, pour gagner un match, on a besoin d’être à 110 %, on n’a pas de marge et donc il faut qu’on fasse plus que l’adversaire. Voilà, c’est clair.