L’ancien latéral Rouge et Noir, de 2011 à 2013, a joué 15 matchs avec le club russe du Rubin Kazan. Avant la réception de Krasnodar au Roazhon Park ce mardi en UEFA Champion’s League, Chris Mavinga revient sur son expérience au pays des Tsars.
Chris, que peux-tu nous dire sur le football russe ?
C’est un championnat particulier qui n’est pas évident à jouer. Ce ne sera pas un match facile pour le Stade Rennais. Il faudra jouer le match à fond parce que Krasnodar est une très bonne équipe en Russie, elle a terminé 3e de son championnat derrière le Zénith Saint-Pétersbourg et le Lokomotiv Moscou. Et parce qu’il y aussi Rémy Cabella qui est en grande forme dans cette équipe. Il faudra faire attention. Elle peut paraître comme un adversaire plus méconnu que d’autres pour les Rennais mais c’est le genre d’équipe qui performe souvent en coupe d’Europe. Dans la "Premier-Liga" russe, les équipes doivent aligner au maximum 8 joueurs étrangers sur 25. On ne peut donc pas préparer les matchs en ne visualisant que des rencontres de championnat, il y a des fois des différences de composition d’équipe entre les différentes compétitions. Au match retour, il faudra prendre en compte les conditions climatiques qui sont parfois rudes.
Qu’as-tu découvert lors de ton expérience au Rubin Kazan ?
C’est un championnat très physique avec des joueurs qui ont une grosse mentalité. Ils ne lâchent jamais. On retrouve dans leur effectif des joueurs avec des bons CV, avec une grosse expérience et capables de faire la différence. Il y a beaucoup de qualité technique et ça se verra en Ligue des Champions.
"C’est un championnat qu’il ne faut pas prendre à la légère."
Que tu retiens-tu de ton passage là-bas ?
Je n’ai pas beaucoup joué mais j’ai passé beaucoup de temps. Le coach qui m’avait recruté s’est fait licencier six mois après mon arrivée. Ça a freiné ma progression. J’aurais pu rester car j’étais dans un bon club avec une bonne organisation. J’étais entouré de bons joueurs. Je prenais beaucoup de plaisir mais ça a été écourté. C’est un championnat qu’il ne faut pas prendre à la légère. Les clubs russes peuvent créer la surprise, comme le Stade Rennais F.C.
Selon toi, comment les Rennais doivent-ils s’y prendre ?
À la maison, il faut prendre le maximum de points, être sérieux et concentré. Krasnodar est le plus abordable des clubs de la poule. Il faut jouer le match à fond. Jouer en Champion’s League, c’est quelque chose de magnifique et de beau. Il faut profiter de ces instants et engranger le maximum d’expérience dès le départ.
Sur le match retour, même s’il fait moins froid qu’à Moscou ou Kazan, la température peut-être un avantage pour Krasnodar. Quand les équipes venaient jouer contre nous, ça leur faisait bizarre de jouer par -15°. On avait l’habitude, alors que nos adversaires avaient du mal à bouger leurs membres. C’est parfois profitable pour les clubs russes. Il faudra être sérieux lors de l’échauffement sur le match retour. Le voyage sera long. Les terrains sont plutôt bons maintenant grâce à la Coupe du Monde. Il y a de belles installations en Russie. À mon époque, c’était en fin de construction mais j’ai vu qu’ils faisaient des stades de top niveau.
As-tu ressenti une envie plus particulière d’exister chez les clubs russes, éloignés du football de l’ouest européen ?
C’est un championnat assez méconnu. C’est difficile de voir un match du championnat russe. La coupe d’Europe est une occasion pour eux de montrer leurs qualités. Les joueurs qui rejoignent les grands clubs des pays de l’Est veulent aussi montrer qu’ils ne sont pas partis là-bas pour les vacances. Quand je jouais l’Europa League avec le Rubin, on voulait montrer que l’on était un bon club qui progressait et capable de bien jouer.
"Quand un club est très bien géré, ça devient ensuite beaucoup plus simple pour les joueurs."
En parlant de progression, que penses-tu de celle de ton ancien club ?
Elle est exceptionnelle. Il faut mettre au crédit les dirigeants du club et le bon travail de Julien Stéphan. Quand un club est très bien géré, ça devient ensuite beaucoup plus simple pour les joueurs. Ils ont l’esprit tranquille et ça se voit dans les performances. Ce n’est pas que 11 joueurs sur le terrain. Autour, il y a des gens professionnels et sérieux. Ça suit sur le terrain. Je suis vraiment content et fier. Depuis que j’ai quitté le Stade Rennais, je suis devenu supporter. Je suis toujours à regarder les matchs du club quand c’est possible. Je suis heureux de les voir jouer les premiers rôles. Je pense que ce sera une belle saison pour eux.
Tu as aimé tes deux années à Rennes ?
J’ai passé deux belles saisons au Stade Rennais, on a parfois l’impression que j’y ai passé plus de temps. C’est le club qui m’a donné l’opportunité de jouer en Ligue 1. J’étais jeune, j’avais 20 ans. Le Stade Rennais garde une grande place dans mon cœur. Chaque année, j’essaie de venir voir des matchs au Roazhon Park. Je programme toujours au moins un déplacement à Rennes dans la saison. C’est le club que je suis le plus aujourd’hui.
Tu as aussi joué l’Europe avec les Rouge et Noir ! En Europa League…
On avait un bel effectif. La réputation du Stade Rennais F.C. est toujours la même. Un bon groupe de jeunes joueurs avec des éléments expérimentés. C’est ce qui fait la force du club. On voit qu’il y a encore une bonne cohésion aujourd’hui sur le terrain et en dehors. C’est un net avantage pour le club.
"l’insouciance de la jeunesse peut permettre de créer des surprises"
Comment vois-tu le Stade Rennais F.C. dans cette compétition qui sera une première pour le club ?
Je ne suis pas un bon pronostiqueur mais l’insouciance de la jeunesse peut permettre de créer des surprises, pourquoi pas. Il ne faut pas calculer. Chelsea et Séville ont l’habitude de jouer ces compétitions mais on l’a vu avec l’Ajax et Leipzig qui ont des groupes avec de jeunes joueurs, ils ont joué les coups à fond. Ils sont allés loin. Il faut se dire : "J’entre sur le terrain et je profite à fond de ce que je vis". Ce n’est pas tous les jours. Il faut juste tout donner et ne pas voir de regret à la fin.
Tu évolues à Toronto où tu as trouvé la stabilité.
C’est ma 4e année ici. Je suis un peu arrivé sur la pointe des pieds. Depuis, j’ai gagné des titres avec Toronto, nous sommes premiers de la Major League Soccer. Je suis dans un club qui tourne assez bien. Ma famille et moi sommes heureux. On continue, on ne lâche pas. La vie est un peu différente de l’Europe, avec une autre culture. Après les dimensions du terrain sont les mêmes, le ballon est le même. Le championnat américain copie un peu le football anglais, c’est du "box to box". On ne joue pas pour fermer et ne pas prendre de but. J’aime cette mentalité. La MLS est peut-être moins tactique mais elle est spectaculaire.
La ville de Toronto est magnifique. Je ne connaissais pas du tout le Canada. Je connaissais Montréal de loin mais je suis arrivé dans une super grande ville de 3 millions d’habitants. C’est très agréable d’y vivre. Je conseille. Je sortais de deux prêts en France qui ne s’étaient pas très bien passés. J’avais envie de changement et prendre du recul. Je pensais rester un an ou deux et j’entame ma 4e année. C’est une expérience de vie exceptionnelle pour ma famille et moi.
On le constate sur les réseaux sociaux, tu suis encore beaucoup le football européen…
Je regarde tout le temps du football. Le décalage horaire m’arrange beaucoup pour ça. Ça peut commencer le matin à 9h00 avec le championnat anglais puis vers 14h ou 15h, il y a le championnat de France. Je vis parfois des journées 100% foot.